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LA MORT D’ARTUS

Or, les aventures merveilleuses de la Bretagne étaient achevées ; pourtant le roi Artus ne voulait point que ses chevaliers s’amollissent et laissassent de porter les armes : aussi fit-il crier par ses hérauts qu’un tournoi aurait lieu dans la plaine de Winchester. Lancelot souhaita de s’y rendre sans qu’on le sût : feignant d’être malade, il laissa Hector, Lionel et sa parenté partir sans lui. Si bien qu’Agravain crut qu’il demeurait afin de voir la reine en toute liberté.

— Sire, vint-il dire au roi, si je pensais ne vous chagriner point, je vous apprendrais quelque chose qui vous sauverait de la honte

— La honte ? C’est donc une chose telle que ma honte y puisse être ?

— Sire, sachez que madame la reine et Lancelot s’aiment de fol amour. Et comme ils ne peuvent se rencontrer à leur volonté quand vous êtes là, Lancelot annonce qu’il n’ira pas au tournoi et y envoie ceux de sa maison : de la sorte, cette nuit même ou demain, il pourra voir madame tout à loisir.

— Beau neveu, ne dites pas de telles paroles, car je ne vous crois point : Lancelot ne pense pas à cela.

— Comment, sire, c’est là tout ? Au moins, faites-les épier : ainsi connaîtrez-vous la vérité.

— Agissez à votre guise ; je ne vous empêcherai pas.