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BOHOR MARIE LES PUCELLES

Et, certes, toutes étaient avenantes et atournées très richement, mais ceux qui regardaient la fille du roi pensaient que jamais plus belle créature n’était née, depuis la Vierge Marie. Et sachez qu’elle s’entendait merveilleusement à faire des aumônières, ouvrer des draps de soie et d’or, lire, écrire, parler latin, jouer de la harpe, chanter toutes les romances sarrasinoises et les chansons gasconnes, françaises, lorraines, et les lais bretons : c’était la fleur et l’émeraude des belles.

— Sire chevalier, dit le roi son père à Bohor, votre valeur vous a fait élire comme le meilleur de notre tournoi, et vous y gagnez de pouvoir prendre la plus avenante de ces demoiselles, à votre choix, avec tous ses honneurs et richesses. Et il vous faut aussi donner à ces douze champions les douze pucelles que vous voudrez.

— Sire, demanda Bohor, s’il arrivait que le chevalier que vous dites le meilleur ne voulût prendre femme, qu’en serait-il ?

— Par ma foi, à sa guise ! Néanmoins, il faut qu’il s’acquitte envers les douze autres.

— Et s’il ne marie pas les douze demoiselles, chacune selon son rang, la honte sera pour lui et le dommage pour celles qui ne lui ont méfait en rien.

— Vous pouvez prendre conseil des plus sages et plus prud’hommes de ma cour ; de cela vous