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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

pour fêter l’anniversaire de son couronnement ; de l’une et de l’autre part, il y avait bien là cent chevaliers.

Il faisait aussi chaud qu’à la Saint-Jean : aussi Bohor avait-il ôté son heaume et l’avait baillé à son écuyer. Or, il était tout jeune adolescent, et le rayon de sa beauté luisait comme celui du soleil au matin. En arrivant, il s’arrêta et descendit de son palefroi, afin de s’atourner mieux qu’il n’était ; puis il monta sur son destrier et se mit à regarder les joutes. Mais, durant qu’il était nu-tête, la fille du roi l’avait vu de la loge des dames où elle était assise.

— Regardez ce chevalier, dit-elle à l’une de ses pucelles, comme il est bel et avenant ! il se tient aussi droit sur son cheval que s’il y était planté ! Certes, Notre Sire fut très débonnaire qui lui fit ainsi largesse de beauté ; s’il a autant de valeur, il mérite d’être fort prisé. Allez, et invitez-le à jouter.

Aussitôt la pucelle vint à Bohor et lui dit de par la fille du roi :

— Sire chevalier, baillez-moi votre écu.

— Pourquoi ? fit-il.

— Parce qu’il me servirait assez : je l’attacherais à la queue de mon cheval pour l’amour des bons chevaliers qui regardent les tournois sans rien faire.

De ces mots, Bohor fut tout d’abord interdit ; puis il baissa la tête et, brochant des éperons,