Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
VOICI QUI l’AUNERA

— Celui qui porte les faisans peints bec à bec, c’est Coquillon de Mantirec.

— Sémiramis et son ami ont les mêmes armes d’or au lion passant et les mêmes chevaux pommelés.

— L’écu où l’on voit un cerf qui semble sortir d’une porte, c’est celui du roi Ydier.

— Sire, cet écu fut fait à Limoges ; cet autre vient de Toulouse ; ceux-ci de Lyon sur le Rhône : il n’en est point de meilleurs au monde. Voyez ces deux hirondelles qui paraissent voler ; elles recevront mille coups des aciers poitevins. C’est un écu ouvré à Londres.

— À vos heaumes ! crièrent enfin les hérauts.

Et les joutes commencèrent. À ce moment, Lancelot arrivait, suivi d’un seul écuyer portant une liasse de lances. Il s’arrêta un instant sous la loge des dames et regarda la reine bien doucement ; mais il avait son heaume, de manière qu’elle ne le reconnut pas. Alors il se mit sur les rangs, et quand le héraut qui lui avait parlé la veille aperçut son écu de sinople à trois bandes d’argent, il recommença de crier à tue-tête :

— Voici qui l’aunera ! Voici qui l’aunera !

Héliois, frère du roi de Northumberland, dont le destrier était plus allant que cerf de lande, avait mieux fait que nul autre jusque-là : Lancelot fondit sur lui comme la foudre descend du ciel, et il le renversa avec son cheval et lui brisa