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LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

Pour moi, je ne sais s’il se verra quelqu’un qui me délivre en prenant ma place…

— En nom Dieu, s’écria messire Gauvain, je le ferai par amour du bon chevalier qui, un jour, fut promené en pareil équipage !

Et il sauta dans la voiture, tandis que la demoiselle montait sur un beau palefroi amblant, blanc comme la fleur au printemps, qu’un écuyer lui amenait.

— Toi et les tiens, continua-t-elle en s’adressant au roi, vous n’auriez pas dû manquer au chevalier charretté, car il n’était là que pour l’amour de Lancelot, qui un jour s’y laissa voir aussi afin de reconquérir la reine Guenièvre. Et maintenant, sais-tu quel il est, celui qui a abattu tes compagnons ? Un jouvenceau, chevalier depuis Pâques tout au plus. Il a nom Bohor l’exilé, et il est cousin de Lancelot et frère de Lionel qui s’est mis en quête de Lancelot, et follement car il ne le trouvera point.

Là-dessus, elle s’éloigna et l’on vit arriver Bohor, suivi de ses gens, menant les chevaux qu’il avait gagnés. Il ôta son heaume et dit au roi :

— Sire, voici vos destriers, que je vous rends.

Aussitôt la reine se leva devant lui, et il n’est fête qu’elle ne lui fit pour l’amour de Lancelot. Et le roi voulut accueillir Bohor parmi les che-