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LE RENDEZ-VOUS

Alors ils causèrent bien tendrement ; amour ne les laissa point manquer de sujets. Et quand Lancelot vit qu’il ne disait rien qui ne plût :

— Dame, murmura-t-il, pourquoi l’autre jour refusâtes-vous de me parler ?

— N’êtes-vous point parti de la grande cour de Logres sans mon congé quand vous vous mîtes en quête de mon neveu Gauvain enlevé par Karadoc de la Tour Douloureuse ? Mais il y a pis : montrez-moi votre anneau.

— Dame, dit-il, le voici.

— Vous en avez menti, ce n’est pas le mien !

Et elle lui fit voir celui qu’elle avait au doigt ; puis elle lui conta comment la laide demoiselle le lui avait rapporté, et il connut que Morgane la déloyale l’avait déçu. Aussitôt il jeta la bague par la fenêtre le plus loin qu’il put, et à son tour il narra l’aventure de son rêve et de sa rançon, de façon que la reine lui pardonna tout.

— Ah ! dame, dit-il, si c’était possible, ne voudriez-vous pas que je vinsse vous parler cette nuit ? Il y a si longtemps que cela ne m’est arrivé !

Elle lui montra la fenêtre, mais de l’œil, non pas du doigt.

— Beau doux ami, venez là quand tout sera endormi. Jusqu’à demain, si cela vous plaît, j’y serai pour l’amour de vous. Gardez que nul ne vous voie !