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MÉLÉAGANT SAUVÉ

prouesse ? Défends-toi ! que cette tour voie ce que tu sais faire !

Lancelot entendit cela et il se ressaisit. À nouveau vous eussiez pu le voir courir sus à Méléagant : il le frappe de si grande force que l’autre chancelle deux fois, et bientôt il le harasse, et le chasse çà et là comme un aveugle ou un échassier. Alors le roi eut grand’pitié de son fils.

— Dame, dit-il à la reine, je vous ai honorée de mon mieux et je n’ai pas souffert qu’on vous manquât en rien. En retour, accordez-moi un don. Je vois bien que mon fils n’en peut mais. Dame, votre merci ! Faites qu’il ne soit occis par Lancelot.

— Beau sire, allez et séparez-les, je le veux bien.

Le roi descendit et répéta les paroles de la reine. Aussitôt Lancelot de remettre son épée au fourreau : tel est celui qui aime, qu’il fait volontiers ce qui doit plaire à son amie. Mais Méléagant le frappa de toute sa force, car son cœur était de bois, sans douceur ni pitié.

— Comment ! dit le roi, il arrête, et tu le frappes !

Et il fit saisir son fils par ses barons. Mais Méléagant criait qu’il avait le dessus et qu’on lui arrachait la victoire, et que Lancelot s’avouerait vaincu en quittant le champ.

— À l’heure que tu voudras appeler Lancelot à la cour du roi Artus, il combattra de nouveau