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LE COMBAT POUR LA REINE

entourée d’une grande compagnie de chevaliers âgés et de dames. Et après avoir pris place à une fenêtre de la salle, la reine à sa droite, il ordonna de crier le ban et de sonner le cor.

Sur-le-champ, les deux adversaires baissent leurs lances peintes, s’élancent l’un contre l’autre de toute la vitesse de leurs chevaux bien couverts de fer, et se heurtent avec le fracas du tonnerre. À cette heure, dans tout le pays de Gorre, les prisonniers et les captifs priaient de tout leur cœur pour le chevalier qui combattait afin de les délivrer. Et sachez que Méléagant toucha l’écu de Lancelot d’une si grande force qu’il en disjoignit les ais ; mais sa lance s’arrêta sur le haubert et vola en pièces comme une branche morte. Au contraire le coup de Lancelot fit basculer le bouclier de telle façon que Méléagant se sentit rudement frappé à la tempe par son propre écu, en même temps que le fer ennemi perçait les mailles de son haubert et glissait le long de sa poitrine. Il fut porté à terre, où ses armes sonnèrent.

Mais aussitôt il se remit debout, tandis que Lancelot descendait de son destrier comme celui qui jamais n’attaquerait à cheval un homme à pied, et lui courait sus, l’épée tirée, disant :

— Méléagant, Méléagant, maintenant je vous ai rendu la blessure que vous me fîtes naguère, et ce n’est pas en trahison !

À ces mots, ils se jettent l’un sur l’autre comme