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LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

ou d’un meilleur, s’il en est. Il n’y a chevalier au monde pour qui je fisse volontiers plus que pour vous.

— Sire, je ne sais pourquoi vous feriez tant pour moi, car je ne suis pas de vos proches, ni jamais ne vous rencontrai, à ce que je crois. Qui que je sois, faites-moi donc avoir bataille, car je ne suis point venu ici, de si loin, pour trouver pitié.

Le roi entendit bien que le chevalier craignait d’être reconnu.

— J’ignore qui vous êtes, dit-il, et dans ma maison on ne vous le demandera point. Je vous prends sous ma sauvegarde désormais, et je vous serai garant contre tous, hormis celui que vous devez combattre. Montez sur ce cheval ; s’il n’est assez bon, je vous en donnerai un meilleur. Et si j’ai dit que je vous aime, c’est pour la grande prouesse que vous faites paraître.

Ainsi parlait-il, si courtoisement que Lancelot consentit à se laisser emmener. Le roi le fit conduire à la chambre la plus retirée de la tour, où il ne lui envoya d’autres serviteurs qu’un écuyer et garda d’entrer lui-même afin de ne pas le désobliger.

Cependant, il fut trouver Méléagant :

— Beau fils, si tu m’en croyais, tu ferais une chose qui te vaudrait louange éternelle.

— Et quoi donc ?

— Tu rendrais au chevalier qui vient de