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GALAAD


LVIII


Quand Galaad eut dix ans accomplis, le roi Pellès résolut de l’envoyer dans un couvent de nonnains en la forêt de Camaaloth. Sa mère l’aimait si fort qu’elle pensa mourir de deuil lorsqu’elle le vit prêt à s’éloigner. Les bras levés, pleurant si tendrement qu’on ne pouvait l’entendre sans souffrir, elle fut baiser son enfant et chacun des chevaliers et des écuyers qu’on avait donnés à Galaad pour l’accompagner ; et sachez que pour rien au monde nul d’entre eux n’eût alors dit mot. Quant à elle, elle ne se fût jamais retenue de suivre son fils, si le roi Pellès ne le lui eût défendu.

L’enfant demeura dans l’abbaye jusqu’à ce qu’il fût devenu un bel et gent damoisel d’un peu plus de quinze ans. À cet âge, personne ne valut jamais autant que lui : il était non pareil pour nourrir le gerfaut, l’autour, l’épervier, le faucon gentil ou lanier, pour mener les chiens, pour monter les chevaux ; il savait tirer de l’arc et fabriquer avec son couteau tous les traits, flèches et carreaux ; il jouait aux tables mieux qu’homme au monde ; et quant à la chevalerie, nul ne s’entendit jamais mieux que lui à