Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
PERCEVAL DANS L’ÎLE DE LANCELOT

pavillon. Il se demandait comment il y pourrait passer, lorsqu’il vit venir le long de la rive un très bel enfant de dix ans, en compagnie d’une dame d’une beauté merveilleuse et d’une troupe joyeuse de chevaliers et demoiselles qui tenaient tous, qui un épervier au poing, qui des lévriers en laisse, qui un petit braque dans ses bras ; et c’était la fille du roi Pellès : elle chassait souvent sur cette rivière, avec le fils qu’elle avait eu de Lancelot et qu’on nommait Galaad, parce qu’elle y pouvait parfois, de loin, apercevoir son ami.

Dès qu’elle fut proche, Perceval connut bien qu’elle était la dame de tous ceux qui étaient avec elle, et, après l’avoir saluée, il lui demanda si elle n’avait point ouï parler de monseigneur Lancelot du Lac. À ce nom, la fille du roi tressaillit, puis elle commença de pleurer amèrement, comme celle qui prévoyait bien que l’homme qu’elle aimait plus que rien au monde allait s’éloigner d’elle ; pourtant elle montra à Perceval une nacelle qui était cachée sous les roseaux et lui dit que Lancelot était dans l’île ; après quoi elle s’en fut tristement.

Lorsqu’il eut débarqué, Perceval s’approcha doucement du pavillon, et, arrivé devant la porte, il jeta son écu, ôta son heaume, déceignit son épée qu’il posa devant lui, se mit à genoux, et, comme Lancelot sortait tout étonné :