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LE CHEVALIER À LA CHARRETTE

— Sire chevalier, lui dit-elle, je ne suis pas en sûreté dans ce pays, où l’on me hait fort. Je vous demande de m’accompagner et de vous héberger chez moi cette nuit.

— J’irai volontiers avec vous, mais il est trop tôt pour s’héberger.

— Le lieu n’est pas proche, et si vous passez, vous ne trouverez plus aujourd’hui ni ferme ni maison. D’ailleurs ne me protégerez-vous pas ? J’ai grand besoin de vous.

— Vous n’aurez nul mal, dit Lancelot, si je puis vous sauver.

ils chevauchèrent de compagnie jusqu’à ce qu’ils arrivassent, à la nuit tombante, devant une maison entourée d’une palissade. Avant que Lancelot eût pu lui donner la main, la demoiselle avait déjà sauté à bas de son palefroi. Elle le mena dans une très belle chambre où il faisait clair comme en plein jour à cause de la grande quantité de cierges et de torches qui brûlaient, et là elle lui ôta son heaume et son écu, et il se désarma ; enfin elle lui passa un beau manteau d’écarlate fourré d’une grosse zibeline. Il y avait sur un banc deux bassins d’eau chaude avec une blanche serviette bien ouvrée. Quand ils eurent lavé, ils s’assirent à une table couverte de viandes, de hanaps d’argent doré et de pots pleins de moré et de fort vin blanc.

Après le manger, ils allèrent prendre l’air un