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ÉDUCATION DE PERCEVAL

jusqu’au cou du destrier, déployer l’enseigne, mettre la lance sur le feutre, et, brochant des éperons, il fit un galop d’essai, puis revint l’arme basse. Et Perceval émerveillé s’écria qu’il ne désirait pas tant de vivre un jour de plus ou d’avoir tous les trésors du monde, que de savoir faire cela.

— Ce qu’on ignore, on peut s’en instruire, beau doux ami, dit le prud’homme. Et vous n’êtes pas à blâmer, car à tout métier il faut apprentissage. Je vous enseignerai, si vous voulez.

Le valet consentit avec joie, et chaque jour, durant six mois, le prud’homme lui fit porter l’écu, pointer la lance, frapper de l’épée : et comme tout cela lui venait de Nature, Perceval en sut bientôt autant que s’il eût passé sa vie à tournoyer et guerroyer. En même temps, son maître lui montra beaucoup des belles manières de cour. Mais, après ce temps, Perceval demanda son congé. Et voyant qu’il ne pouvait le retenir, le prud’homme lui fit cadeau d’une chemise, de braies, de chausses très riches et d’une cotte dont le drap venait de l’Inde ; puis il lui dit :

— Beau frère, il convient maintenant que vous alliez à la cour du roi Artus et que vous le priiez de vous armer chevalier. Et souvenez-vous de ce que je vais vous dire. Quand vous aurez vaincu un chevalier, s’il s’avoue outré, accordez-lui toujours merci. Et ne soyez pas