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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

cesse lui coulaient des yeux. En voyant Perceval, elle serra ses loques autour d’elle, mais les fentes ailleurs s’en élargissaient, de manière qu’elle ne cachait rien qu’en laissant paraître autre chose.

— Pucelle, dit Perceval, vous voilà en bien mauvais point. Ne puis-je rien pour vous ? Ma mère m’a dit que je devais en tous lieux secourir les dames.

— Ha ! valet qui ravis mon anneau, répondit-elle, fuis-t’en d’ici ! Je te dois assez d’infortune !

À ces mots, un chevalier, vêtu d’armes vermeilles comme braise, qui chevauchait à quelque distance de la demoiselle, se retourna.

— Malheur à toi, cria-t-il à Perceval, si tu es ce valet gallois qui lui donna un baiser ! Elle dit que ce fut malgré elle et que tu n’en fis pas davantage. Mais une femme qui abandonne sa bouche cède aisément le surplus. On sait bien qu’elles veulent triompher toujours, sauf en cette mêlée où, quoiqu’elles égratignent, ruent et mordent, il leur tarde d’être vaincues. Si tu étais chevalier, tu serais promptement châtié !

Ce disant, l’Orgueilleux de la Lande lève sa lance à deux mains et en assène à Perceval un tel coup par le travers des épaules qu’il le couche sur son cheval. Furieux, le valet se redresse sans mot dire, saisit son javelot et, visant l’œil, il le lance. Et l’arme pénètre sous le heaume,