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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

rencontrât un charbonnier menant son âne.

— Or çà, vilain, lui dit-il, enseigne-moi par où l’on va au roi qui fait les chevaliers.

Le charbonnier, qui avait entendu parler de la grande cour que tenait le roi Artus, le mit dans la bonne voie. Et, à force de demander son chemin de la sorte, Perceval parvint à Carduel, au palais, peu après le départ des trente compagnons.

Le roi était à son haut manger, tout pensif, lorsque le valet entra dans la salle, vêtu de ses habits de chanvre et de sa cotte de cuir de cerf, sans bottes ni éperons, car il ne savait même pas ce que c’était, son fouet et son javelot à la main. Il fut droit à un sergent qui tranchait la viande.

— Valet qui tiens le couteau, montre-moi lequel de ceux-là est le roi Artus.

— Ami, le voici.

Aussitôt Perceval s’approche et salue lourdement, à sa façon ; mais le roi songeait si profondément à Lancelot et à ceux qui le cherchaient, dont il n’avait point de nouvelles, qu’il ne le vit même pas.

— Par ma foi, s’écria le valet en tournant le dos, ce roi n’a jamais su faire les chevaliers ! On n’en peut tirer ni un geste, ni un mot !

En l’entendant, Artus avait relevé la tête et, le voyant si bel et si gent, il lui dit :

— Beau frère, je ne vous avais point aperçu.