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L’ANNEAU RAVI

qu’elle avait au doigt, orné d’une claire émeraude :

— Pucelle, dit-il encore, ma mère m’a enseigné que je devais recevoir l’anneau, mais que je ne devais rien faire de plus. Or çà, donnez-le-moi !

Et, comme elle résistait, il lui étendit la main de force et lui ôta l’annelet qu’il passa à son doigt.

— Pucelle, grand merci ! Je m’en irai bien payé, car votre baiser est beaucoup meilleur que celui des chambrières de ma mère. Vous n’avez pas la bouche amère !

Cependant la demoiselle s’était mise à pleurer.

— Ha ! valet, disait-elle, n’emporte pas mon anneau ! J’en serai trop blâmée !

Mais Perceval ne mettait rien en son cœur de tout cela. Il mourait de faim et venait d’aviser un bocal plein d’un vin, qui n’était pas laid, puis, sous une serviette blanche, trois pâtés froids de chevreuil frais. Il en prit un en main, dont il mangea de bon appétit, non sans se verser de bonnes rasades dans une coupe d’argent.

— Pucelle, disait-il la bouche pleine, ces pâtés, je ne les userai pas tous trois aujourd’hui. Venez donc y goûter : ils sont très bons ; il y en aura un pour chacun de nous, et il en demeurera un tout entier pour ceux qui surviendront.

Enfin, quand il eut assez mangé et bu, il recouvrit soigneusement de la serviette ce qui