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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

que vous avez rencontrés tuent tout ce qu’ils atteignent. Dieu vous garde de leur chevalerie !

Et elle lui conta ce qui était arrivé à ses frères et à son père, comme le conte en a devisé. Mais Perceval lui répondit seulement :

— Ma mère, je vous prie de me donner à manger, car j’ai grand’faim. Je n’entends guère ce que vous m’expliquez. Mais j’irai volontiers vers celui qui fait les chevaliers.

Alors la dame comprit bien qu’elle ne pourrait le retenir : si elle en fut dolente, il est inutile de le dire ! Perceval, en effet, pensait nuit et jour aux anges qu’il avait rencontrés, et cependant il dépérissait de telle sorte que, peu avant la Pentecôte, sa mère lui dit en soupirant :

— Beau fils, puisque vous le désirez tant, il faut donc vous laisser partir ! Allez à la cour du roi Artus et demandez-lui de vous faire chevalier : il ne le refusera point quand il connaîtra votre lignage. Hélas ! comment vous aiderez-vous des armes qu’il vous octroiera sans avoir jamais appris à vous en servir ?… Au moins, retenez les enseignements que je vais vous donner. Premièrement, quand vous trouverez quelque dame ou pucelle qui ait besoin d’aide et qui vous requière de lui donner la vôtre, accordez-la-lui : car celui qui ne porte honneur aux dames, il perd le sien. Mais, sur toutes choses, demeurez chaste et gardez-vous