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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

— À quoi vous sert ceci ?

— Voilà merveille ! Beau doux ami, je pensais apprendre quelque chose de toi, et c’est moi qui t’enseigne. Ce que je porte se nomme écu : quand on veut me blesser, l’écu me protège.

Cependant les quatre chevaliers, voyant leur seigneur parler si longuement, s’étaient approchés au pas.

— Sire, dirent-ils, les Gallois sont par nature plus sots que des bêtes. C’est muser à la muse et perdre le temps à des folies, que d’interroger celui-ci.

Mais Perceval tirait le chevalier par le pan de son haubert.

— Qu’est ceci, beau sire ? reprit-il.

— Valet, c’est mon haubert d’acier qui est aussi pesant que fer. Grâce à lui, si tu me jetais tous tes javelots, ils ne pourraient me faire aucun mal.

— En ce cas, Dieu garde les cerfs et les biches d’avoir des hauberts ! Mais êtes-vous né ainsi fait ?

— Nenni, valet. Tu es trop sot.

— Et qui vous donna donc ces beaux habits ?

— Il n’y a pas quinze jours entiers que je reçus tout ce harnais du roi Artus, quand il me revêtit de l’ordre de chevalerie, qui est le plus noble et le plus triomphant que Dieu ait créé. Mais apprends-moi, si tu le sais, ce que sont