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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

forêt, Perceval sentait son cœur tellement réjoui du soleil et du chant des oiselets qu’il ne savait que devenir : il ôta la bride de son cheval et le laissa paître à sa guise, puis, pour se divertir, il se mit à lancer ses javelots, tantôt haut, tantôt bas, l’un en arrière, l’autre en avant.

Or, durant qu’il s’amusait ainsi, voici venir cinq fer-vêtus chevauchant à grand bruit, car leurs armes heurtaient les branches, leurs hauberts frémissaient, leurs lances frappaient leurs écus. Le valet, qui entendait ce fracas sans rien voir, songea tout d’abord à ce que sa mère lui avait dit des diables qui courent en ce monde, enclins à faire un bruit furieux et des mouvements tempétueux. « Elle m’a enseigné qu’il se faut munir en pareil cas du signe de la croix, se dit-il. Je le ferai et dirai mon Credo ; mais je lancerai ensuite un javelot au plus fort de ces démons et je le blesserai si rudement que les autres n’oseront approcher. »

Pourtant, quand les cinq chevaliers débuchèrent et lui apparurent, l’écu au col et la lance au poing, leurs hauberts blancs, verts ou vermeils luisant au soleil, tout brillants d’or, d’azur et d’argent, il s’écria, émerveillé :

— Certes, ce ne sont pas là des diables, mais des anges ! Et ma mère ne m’a point menti quand elle m’a dit que les anges sont les plus belles créatures qui soient après Dieu. Le plus relui-