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ENFANCES DE PERCEVAL LE GALLOIS


XLIII


Le conte dit qu’il y eut jadis dans la terre de Galles un roi qui valait beaucoup, prud’homme à merveille et de très haute lignée, fils de Pellehan, le roi Pêcheur, et frère cadet du roi Pellès, enfin si riche d’amis, de châteaux, de fertés, de prés, de bois et de rivières, qu’il n’avait presque son égal dans la Grande Bretagne. Or ses onze fils aînés furent tués dans les joutes et sa femme le supplia de renoncer pour toujours aux tournois. Mais il lui répondit en haussant les épaules :

— Maudit le chevalier qui demande conseil aux dames quand il s’agit de tournoyer ! Allez vous reposer à l’ombre dans vos chambres peintes et dorées ; pensez de boire et de manger, de teindre de la soie, de faire de la tapisserie : c’est votre métier. Le mien est de frapper de mon épée d’acier.

Et il s’en fut à de nouvelles joutes, où il ne manqua pas de se faire tuer comme ses onze fils. De sa mort, sa femme épousée eut tant de chagrin que nul homme, pour dur que fût son cœur, n’eût pu la voir sans pleurer. Ah ! quelle douleur ! Elle fit dire plus de cent messes à