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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

la bride en main, cependant que dans toute l’armée les écuyers et les valets raccommodaient à la hâte les hauberts et les chausses. Grâce à cela, l’avant-garde des ennemis, qui était conduite par un de leurs sénateurs, jeune bachelier et de grande chevalerie, fut rudement reçue. Néanmoins, les chevaliers de Rome étaient nombreux et très preux, et quand fut engagée leur dernière échelle, où se trouvaient tous les consuls et les hauts hommes, avec les étendards qui pesaient bien la charge de quatre chevaux, étant en forme d’une aigle d’or et d’un dragon fièrement fichés sur des barres de fer, messire Gauvain n’avait plus que le seul corps de Bohor en réserve. À ce moment, les gens de Gannes firent une sortie et se jetèrent dans la bataille. Mais ils étaient las ; puis Bohor accourut avec les siens, dévorant comme le feu dans les brandes, si bien que la victoire balança.

La bataille dura de la sorte jusqu’à la nuit, périlleuse et confuse ; et le lendemain elle reprit, puis le surlendemain : en sorte que la puanteur des morts que leurs amis n’avaient pu enterrer devint affreuse. Alors messire Gauvain et le maître consul de Rome, qui avait nom Pantelion, conclurent une trêve de quinze jours pour ensevelir les cadavres : tous ceux que l’on put reconnaître furent mis en un cimetière bénit, et les autres brûlés.