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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

qu’ils les ramenèrent. Dont Claudin étonné dit à Esclamor :


— Par Dieu, ces gens sont aussi assurés que s’ils n’avaient rien fait aujourd’hui !

Néanmoins, les Bretons durent bientôt reculer, qu’ils le voulussent ou non. Ce que voyant, messire Gauvain songea aux deux derniers corps qui n’avaient pas encore donné.

— Va derrière ce bois, fit-il à son écuyer, et dis à mon frère Gaheriet qu’il nous soutienne avec la neuvième échelle, car la réserve de Claudas nous est tombée sur le cou. Et que Bohor attende avec les siens que je l’envoie quérir.

Gaheriet et sa gent fondirent comme une tempête sur la multitude ennemie et la mêlée devint grande et merveilleuse, au point que nul n’eût pu prévoir à qui Dieu donnerait l’honneur et la victoire de cette journée. Claudin prit des mains de son écuyer une lance courte, épaisse et roide, et, s’adressant à Hector, il lui perça la cuisse, puis la selle et le corps de son destrier. Ah ! messire Gauvain pleura tendrement quand il vit son compagnon à terre, qui ne pouvait se relever : il le fit transporter à l’arrière et ordonna de le garder aussi chèrement que le roi Artus lui-même. Puis il manda Bohor et les siens à la rescousse. Et d’abord Bohor courut sus à Marien : de sa lance au fer tranchant il lui cloua l’écu au bras,