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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

s’adresse à monseigneur Gauvain, l’atteint par le travers et culbute ensemble l’homme et le cheval. Aussitôt ses gens d’accourir pour s’emparer du chevalier démonté. Hector protège son compagnon, mais son destrier aussi est bientôt tué. Il jette son écu sur sa téte, et, dos à dos, messire Gauvain et lui font belle défense. Hélas ! ils sont bien aventurés, tout seuls, au milieu des ennemis !

Au loin, messire Yvain les aperçut.

— Francs chevaliers, cria-t-il à ses hommes, ores paraîtra qui aime le roi Artus et moi ! Pensons de secourir monseigneur Gauvain et Hector des Mares qui sont entourés par la gent de Claudas. Ha ! je crains fort qu’il ne leur advienne mal avant notre arrivée !

Ce disant, il s’élance le premier, droit comme carreau d’arbalète, écrasant les cadavres et les armes, et s’adresse à Chanart, le cousin de Claudin, qu’il fait voler à terre. Mais Claudin, prenant son épée à deux mains, frappe monseigneur Yvain d’un tel coup qu’il le jette à bas de son destrier. Et, saisissant le cheval par la bride, il l’amène à son cousin qui s’empresse de l’enfourcher.

Dans le même moment, Hector arrêtait le destrier de Chanart, mettait le pied à l’étrier, malgré ceux qui l’entouraient, et sautait en selle, puis courait sus au roi Claudas. Celui-ci ne l’évita pas, car il avait été de grande