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DÉFAITE DE CEUX DE LA TABLE RONDE

fut le dernier qu’il navra ? Tel un loup à jeun dans le parc aux moutons, qui tue à droite, à gauche, devant, derrière, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, il abattit comme brebis monseigneur Gauvain, et Sagremor, et le roi Ydier, et Blioberis, et Lucan, et Agloval, et Mordret, et Keu, et Ganor d’Ecosse, et Giflet, et le Laid Hardi, et les autres. Partout il présentait son écu, offrait son heaume, jetait son épée, et ceux de Gorre ne voyaient que lui en tous lieux, comme un étendard : sa seule vue relevait les gisants ! À la fin, les compagnons de la Table ronde s’enfuirent devant celui qui les détruisait ainsi que la flamme un taillis : et, monté sur le meilleur destrier du roi Baudemagu, il les pourchassa, suivi des siens, bien au delà de leur camp, jusque dans les rues de Camaaloth.

Le roi cependant doutait que celui qui faisait de telles merveilles et finissait le tournoi en si peu de temps, ne fût Lancelot lui-même.

— Sire chevalier, cria-t-il quand le vainqueur revint de la poursuite, vous êtes l’homme au monde que je souhaite le plus de connaître. Par amour, je vous prie de m’apprendre votre nom.

Sans mot dire, Lancelot délaça son heaume et le roi, en le voyant, poussa un cri de joie. Il descendit en toute hâte et courut l’accoler, tout armé comme il était.

À ce moment, on apportait monseigneur