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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

d’hommes de l’univers y fussent assemblés. Les hérauts avaient déjà crié : « À vos heaumes ! » lorsque arrivèrent ceux de la Table ronde, qui portaient tous une rouelle de cordouan sur l’épaule en guise d’enseigne. D’abord qu’ils chargèrent, ils abattirent bien cent chevaliers et les gens de l’empereur d’Allemagne durent reculer de deux traits d’arc ; beaucoup d’entre eux apprirent ce jour-là comment prison fait bourse plate, car ils durent se racheter comme est la coutume en tournoi. Messire Gauvain, pour sa part, faisait de telles prouesses, qu’en reconnaissant ses armes, on criait : « Le voici ! Fuyez, fuyez ! » Et les dames et les demoiselles parlaient déjà de lui donner le prix, qui était un cerf à bois et sabots dorés.

Lancelot se tenait à l’écart avec le roi Baudemagu et ceux de Gorre. Quand il vit cela, il dit :

— Sire, maintenant, allons aider !

Et il s’élança, bruyant comme la foudre, suivi du roi et de ses gens.

Du premier coup, il perce l’écu et le haubert d’Agravain qu’il jette entre les pieds des chevaux ; du tronçon de sa lance brisée, il renverse Calogrenant, un des compagnons de la Table ronde ; puis il dégaine, et son épée de voler plus vite qu’un faucon sur sa proie, démaillant, coupant, tranchant chevaliers et chevaux, têtes, bras, hampes, écus. Quel fut le premier, quel