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MORT DE MAUDUIT

mier coup sur la tête, il le jeta à genoux ; d’un second, il le précipita sur les mains ; puis il lui arracha son heaume et le lança au loin.

Mais, quand il sentit son chef découvert, le géant eut grand’peur de la mort : il fit un tel effort qu’il se remit debout et riposta d’un si rude coup d’épée que sa lame entra de deux doigts dans le heaume de Lancelot. Heureusement, dans le même temps, celui-ci lui assénait un entre-deux à découvert qui lui fendait le visage et la tête. Et le géant tomba, gigotant, tricotant des jambes comme une grenouille, jusqu’à ce qu’enfin son corps reposât en paix. Ainsi mourut Mauduit, le plus méchant diable que la terre ait jamais porté.

Après avoir essuyé son épée, Lancelot alla au chevalier qui gisait inanimé, et, dès qu’il lui eut ôté son heaume, il reconnut Hector des Mares, son frère ; alors il le plaça à grande pitié sur son propre cheval et le soutint jusqu’à une abbaye de moines blancs qu’on voyait non loin de là. Hector y fut couché dans un bon lit, où les religieux l’oignirent d’un jus d’herbes salutaires, si bien qu’il ne tarda pas à reprendre ses sens. Et, quand il se sentit mieux, Lancelot lui dit en l’accolant joyeusement :

— En nom Dieu, Hector, j’ai bien lieu de me plaindre de vous comme d’un mauvais frère, qui avez si longtemps caché notre parenté !

— Beau sire, répondit Hector en rougissant,