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HECTOR TROUSSÉ

— Sire chevalier géant, arrêtez-vous, je suis celui que vous cherchez !

Mauduit se retourna, et, lorsqu’il vit l’écu que portait Hector, il poussa une clameur si haute qu’on l’entendit à trois lieues écossaises ; il baissa sa lance et lui courut sus. Or, Hector était, après Lancelot du Lac et Bohor de Gannes, l’homme du siècle le plus roide à la joute : il fit voler le géant à terre, mais dans le même temps son cheval, qui était encore las, cédait au choc et s’abattait ; et Mauduit relevé le saisit par les épaules, le jeta si rudement sur son cou qu’il faillit lui briser les reins, l’emporta jusqu’à sa monture troussé comme un chevreuil, et, l’ayant lancé, tout pâmé, en travers de l’arçon, tête de-ci, jambes de-là, se remit en selle et piqua des deux. Mais le conte se tait à présent d’Hector des Mares et de Mauduit le géant ; quand il sera temps, il saura bien en reparler ; pour l’instant, il raconte ce qui se passait à la cour du roi Artus, d’où toute bonne gaieté s’était enfuie depuis la disparition de monseigneur Lancelot.


XXIX


Lionel parti, la reine demeura plus triste que jamais, car elle craignait que Lancelot ne succombât au venin des couleuvres ; et sachez qu’il