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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

tout le bois de son écu, il lui fait voler la tête en un instant.

Alors des chevaliers beaux et hauts à merveille vinrent le chercher à grand honneur et le menèrent au palais, où de très avenantes pucelles le désarmèrent, le baignèrent et lui passèrent un manteau digne d’un roi. Puis il fut conduit dans la salle où des seigneurs lui firent grand accueil, et, tandis qu’il causait et s’enjouait avec eux, un prud’homme entra, en si noble arroi que nul ne saurait décrire ses habits, tant ils étaient riches. Il portait au doigt un bel anneau et sur la tête une couronne d’or dont les pierres valaient un bon royaume ; son fermail et sa ceinture étaient non pareils ; mais pourquoi le ferais-je plus long ? En un mot, on n’eût su voir un plus gentil homme, ni qui parût plus haut prince.

— Sire, le roi ! dirent à Lancelot les chevaliers en se levant.

Lancelot se mit debout et souhaita la bienvenue au roi qui vint l’accoler et lui dit :

— Doux sire, nous vous avons longuement attendu ! Enfin nous vous avons. Voulez-vous m’apprendre qui vous êtes ?

— Je suis de la maison du roi Artus, compagnon de la Table ronde, et j’ai nom Lancelot du Lac.

— Dieu m’aide ! N’êtes-vous pas le fils du roi Ban qui mourut de deuil et de la reine aux grandes douleurs ?