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LA REINE RAVIE

avait fait folie, car il n’avait pas vérifié ses sangles, qui étaient usées auprès des boucles : elles rompirent au premier choc, et de même le poitrinal du cheval, de manière qu’il vola à terre, la selle entre les cuisses, et se meurtrit fort en tombant. Alors Méléagant le foula aux pieds de son destrier. Ainsi conquit-il la reine Guenièvre, ce glorieux, cet abat-quatre ! Et il l’emmena, en même temps que le sénéchal, tout pâmé, que deux sergents avaient couché dans une litière.

Mais le conte laisse à présent de parler de lui et revient à monseigneur Gauvain.


III


Comme il approchait de la forêt, il en vit sortir le cheval de Keu, galopant au hasard, rênes rompues, sangles brisées. Et, peu après, il aperçut un chevalier, le heaume en tête, qui poussait son destrier fourbu et qui, l’ayant salué, lui cria du plus loin qu’il put :

— Sire, baillez-moi à prêt ou à don l’un de ces chevaux que mènent vos écuyers ! Je vous promets en échange tel service que vous voudrez.

— Beau sire, choisissez celui qui vous plaira.