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LIONEL ET LA SOEUR DU CHEVALIER

— Beau doux cousin, dit-il, il conviendra que vous alliez à la cour pour rassurer madame la reine et lui donner des nouvelles. Et afin qu’elle soit plus certaine de ce qui m’est advenu, vous lui porterez les cheveux de ma tête qui sont dans cette boîte.

Puis il lui apprit la maladie de la pucelle. Lionel fut la voir dans le pavillon qu’on avait dressé pour elle ; mais, d’abord qu’elle l’aperçut, blond et beau comme Lancelot à qui il ressemblait, elle se mit à pleurer de toutes ses forces.

— Comment allez-vous, demoiselle ?

— Sire, je me meurs, et j’en ai plus de regret pour un autre que pour moi : car je ne pourrai achever la guérison du meilleur chevalier du monde.

— Mais, demoiselle, comment vous vint cette maladie ?

— Ha ! dites à votre seigneur qu’il tue autrui et lui-même par sa beauté ! C’est malheur qu’il soit si beau…

Et plus bas, elle ajouta :

— Hélas ! c’est par malheur que je vis sa beauté !

Lionel fit semblant de n’avoir pas entendu ; mais quand il fut revenu auprès de Lancelot :

— Sire, lui dit-il, m’est avis que la sœur du chevalier vous aime et que c’est à cause de vous qu’elle est malade. Sauvez-la, et vous-même, de la mort.