Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
LE CHÂTEAU AVENTUREUX

— Ce sera donc à ma volonté ?

— Oui, sur ma foi !

— Dites-moi : y a-t-il pucelle au monde que vous aimeriez si vous pensiez qu’elle vous haït et déprisât ?

— Certes non !

— Par mon chef, vous ne m’aurez donc pas, car je vous déteste pour avoir faussé vos amours et trahi celle qui vous chérit plus qu’elle-même ! C’est moi que vous requérez aujourd’hui, mais demain ce sera quelque autre. Et il n’est de pire trahison que de séduire les femmes par de belles paroles, car on les vainc sans peine. M’est avis, sire, qu’à travailler ainsi, vous récolterez plus de honte que d’honneur !

— Demoiselle, j’étais plus enflammé pour vous que je ne fus jamais pour nulle autre. Mais vous avez la langue si bien pendue que jamais je ne vous demanderai plus rien qui vous doive contrarier.

À ces mots, la demoiselle de rire ; puis elle se mit à chanter la pastourelle de la belle Aielot, tout en regardant Gaheriet :


Quand l’automne s’achemine,
Quand l’hiver félon revient,
Quand fleurs et feuilles déclinent,
Quand l’oiseau ne dit plus rien,
Tout seul, je vais par le bois
Plus heureux qu’un fils de roi !