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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

l’était, comme il est dit dans l’histoire de Merlin l’enchanteur. Et il sera plus tard parlé de Mordret ; mais il n’en est pas encore temps : à présent le conte devise de Gaheriet.


XIII


Lorsqu’il eut quitté ses compagnons après l’essai de l’épée brisée que portait Héliezer, il chevaucha jusqu’à none, qu’il rencontra un vilain menant un âne chargé de bûches. Il l’appela pour lui demander son chemin ; mais, en le voyant armé, l’homme s’enfuit aussi vite qu’il put, abandonnant son baudet. Gaheriet haussa les épaules et continua sa route.

Un peu plus loin, il parvint dans un beau pré où murmurait une fontaine. Le soleil avait été chaud tout le jour, si bien que, quand il vit l’eau belle, claire et froide, il lui prit grand désir d’en boire, et il poussa son cheval à toute allure. Mais, comme il arrivait à la source, il entendit une voix de femme lui crier, tout en riant :

— Mesure, sire chevalier, mesure ! Allez bellement ! Vous gâterez les ambles de votre cheval. Il ne fait pas que sage, celui qui pour un rien s’emploie.

Et il découvrit trois dames assises à l’abri des