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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

baptisée. Puis elle fit crier dans toute sa terre que ceux qui ne voudraient recevoir la sainte foi de Notre Seigneur Jésus-Christ eussent à déguerpir. Cela fait, messire Gauvain voulut partir pour continuer sa quête ; aussitôt elle fit seller ses palefrois et charger ses sommiers, car elle voulait l’accompagner. Ainsi vécurent-ils ensemble durant deux jours encore : elle ne pouvait se passer de lui à nulle heure. Enfin messire Gauvain prit congé, la laissant si dolente que jamais femme ne le fut autant.


XI


Le lendemain, comme il sortait d’une gorge étroite entre deux montagnes, il se trouva soudain dans une vallée où s’élevait un château très bien fortifié et tout entouré d’eau. Il franchit le pont et la porte, suivit la maîtresse rue et, au moment qu’il arrivait au pied du palais, il entendit des cris de femme. C’était une demoiselle plongée dans une cuve jusqu’à mi-corps, comme il s’en aperçut en approchant de la loge où elle était.

— Sainte Marie ! criait-elle, qui donc me jettera hors de ceci où j’endure toute la souffrance qu’une femme puisse supporter ?

Messire Gauvain la prit sous les aisselles et