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LE CHÂTEAU AVENTUREUX


IX


Comme ils y arrivaient, les douze compagnons de la Table ronde rencontrèrent un chevalier qui portait deux épées, et cela les étonna.

— Beau sire, lui dit messire Gauvain, si je pensais que cela ne vous déplût point, je vous demanderais pourquoi vous avez deux épées.

— Par ma foi, je ne saurais vous répondre avant que de connaître votre nom.

— Je suis Gauvain, le neveu du roi Artus.

— Ha, messire Gauvain, je vous répondrai bien !

Ce disant, l’inconnu mit pied à terre et posa une de ses épées bien doucement sur le gazon, après en avoir baisé le pommeau. Puis il la tira du fourreau ; mais la lame était brisée par le milieu et, pour faire sortir l’autre moitié, il fallut secouer la gaine : quand ce fut fait, messire Gauvain et ses compagnons, émerveillés, purent voir que de la pointe suintaient des gouttes de sang.

— Seigneurs, il vous faut essayer de joindre ces deux morceaux, dit l’inconnu. Mais enveloppez-vous les mains de cette pièce de soie, car, si vous touchiez l’acier à nu et que vous