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LE NOIR CHEVALIER

— Dieu ! dit-elle à haute voix, quel peut être ce chevalier pensif que j’aperçois au bord de la rivière ? Il ne nuit ni n’aide à personne.

Tous et toutes se mirent à regarder l’inconnu.

— Hier, dit la reine, un chevalier rêvait ainsi au bord de l’eau, mais il portait des armes vermeilles.

— Dame, lui dit la dame de Malehaut, ne vous plairait-il de mander à celui-ci qu’il combatte pour l’amour de vous ?

— Belle dame, j’ai autre chose à penser, quand messire le roi est en aventure de perdre sa terre et son honneur, et que mon neveu Gauvain gît blessé comme vous pouvez voir. Mais mandez-lui, vous-même et ces autres dames, tout ce que vous voudrez.

Alors la dame de Malehaut appela une pucelle.

— Allez à ce chevalier qui rêve là-bas, et dites-lui que toutes les dames de la maison du roi Artus, fors madame la reine, le prient de combattre pour l’amour d’elles.

— Et présentez-lui ces deux lances de ma part, ajouta messire Gauvain en s’adressant à l’un de ses écuyers.

Lancelot écouta le message et accepta les armes ; puis, ayant ajusté ses étrivières, il piqua des deux vers la prairie.

Dédaignant les jeunes chevaliers qui galo-