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DÉLIVRANCE DE LANCELOT

car elle devinait bien le cœur de sa cousine ; mais elle ne put y réussir. Et toutes deux passèrent la nuit à causer ainsi.


XXVI


Le lendemain, à l’aube, la dame de Malehaut se fit amener le prisonnier. Quand il fut devant elle, il se voulut asseoir à ses pieds ; mais elle lui fit prendre place à ses côtés, et elle lui dit :

— Sire chevalier, je vous ai tenu en très douce prison et vous devez m’en savoir gré. Je vous prie encore une fois de me dire qui vous êtes et ce que vous vous proposez ; et si vous désirez que cela reste secret, assurez-vous que personne n’en saura rien.

— Dame, me dussiez-vous couper la tête, je ne le dirais point.

— Eh bien, apprenez-moi quelle est la dame que vous aimez d’amour, ou vous ne sortirez jamais de ma prison, ni par rançon, ni par prière.

— Dame, vous ne le saurez point, car je ne vous répondrai pour rien au monde.

Elle feignit d’être fort courroucée (mais ce n’était qu’un faux semblant), et parlant comme une femme irritée :