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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

roi Ban de Benoïc, qui est mort pour ton service, et qui a vu prendre son dernier château par le roi Claudas de la Terre Déserte sans avoir aucune aide de toi ; et je ne parle pas du petit Lancelot, son fils, qui, encore au maillot, fut enlevé jadis par un diable sous la semblance d’une demoiselle, ni de sa femme qui s’est faite nonne voilée pour ce qu’elle fut trop déconfortée de perdre le même jour son seigneur et son enfant.

Alors le roi songea que d’avoir laissé mourir ainsi son vassal le roi Ban qui venait lui demander aide, c’était la plus grande honte qu’il eût connue depuis son couronnement. Aussi appela-t-il dans sa chapelle ses archevêques et ses évêques et il se présenta devant eux tout nu, en braies, tenant une poignée de menues verges qu’il jeta à leurs pieds en versant des larmes et en les priant de tirer de lui la vengeance de Dieu. Ils l’écoutèrent à grande pitié, et ils lui donnèrent absolution et pénitence. Mais le conte laisse ce propos pour retourner à la dame de Malehaut et à Lancelot du Lac, son prisonnier.


XXIII


Elle était bonne dame, sage et fort prisée de tous ceux qui la connaissaient. Les gens de sa