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ARTUS SEMONCÉ

leur feras présent : car ainsi ils diront qu’ils ont le palefroi que tu chevauchas.

« Aux hauts hommes, aux rois, aux ducs, aux comtes et aux barons, tu donneras ensuite des vaisselles précieuses, des beaux joyaux, des draps de soie, des bons faucons, des destriers ; et tu t’appliqueras moins à leur faire de riches cadeaux que d’agréables, car on ne doit donner à personne des choses dont elle a déjà plus que sa suffisance.

« Ainsi feras-tu largesse à chacun selon son rang, et crois que ces présents te gagneront les cœurs, et que tes terres seront bien gardées. Tu ne peux rien que par tes hommes, car tu n’es qu’un homme toi-même, et tu dois mieux aimer qu’ils tiennent en fief une partie de ta terre que de la perdre honteusement. Et ce que tu feras pour eux, il conviendra que la reine le fasse pour les dames et les demoiselles. Et prends garde de donner en montrant bon visage, car on n’a nul gré d’un présent fait en rechignant.

— Certes, beau maître, je ferai ce que vous m’avez commandé.

— Maintenant, mande les plus hauts et sages clercs qui soient ici, et confesse-leur tous les péchés que tu découvriras en toi ; et prends garde que la confession n’est valable que si le cœur se repent de ce que la langue avoue. Et ne manque pas de leur dire le grand péché que tu fis en ne secourant point ton homme lige, le