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LANCELOT ET LE MESSAGER

un grand cheval de chasse qui semblait exténué.

— Valet, d’où viens-tu si vite ?

— Madame la reine est en prison à la Douloureuse Garde ! Les gens du château jurent que, quoi que fasse le roi Artus, ils ne la délivreront pas avant que le chevalier qui conquit le château ait défait les enchantements. Aussi madame a-t-elle envoyé des messagers par tous les chemins pour le chercher.

— Bel ami, va tôt dire à la reine que le chevalier qui conquit le château sera ce soir auprès d’elle.

— Mais, sire, je n’oserais m’en retourner sans lui avoir parlé. Est-ce vous ?

— Voire ! mais tu me fais dire une vilenie.

Le valet repartit aussi vite que son cheval put aller. Et Lancelot pressa l’allure de ses gens, si bien qu’il atteignit le château à la nuit.

À peine eut-il franchi la porte avec sa compagnie, on la referma derrière eux. La cour était tout illuminée de cierges ardents et de torches : au plus beau jour d’été il ne fait pas plus clair dans les champs qu’il faisait dans cette cour ; grâce à quoi, Lancelot reconnut l’écuyer qu’il avait rencontré l’après-midi.

— Où est madame la reine ?

— Sire, suivez-moi.

Bientôt, ils se trouvèrent au pied de la roche