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PRISE DE LA DOULOUREUSE GARDE

en même temps, un valet lui glissa dans la main une lance grosse, courte et roide, dont le fer tranchait comme rasoir.

— Je veux maintenant vous voir jouter, beau doux ami, dit Saraide, car je sais assez comment vous vous aidez de l’épée. Mais regardez au-dessus de la seconde porte.

Il y avait là une statue de cuivre en forme d’un chevalier tout armé et monté qui tenait en main une hache. Et cette figure était enchantée de telle façon qu’elle devait choir sitôt que le futur conquérant du château jetterait un regard sur elle. Le blanc chevalier lève les yeux : dans le même moment elle tombe et rompt le col à l’un de ceux qui étaient alignés au-dessous d’elle. Sans s’étonner, il baisse sa lance, pique des deux, fond comme une tempête sur les autres et en tue deux coup sur coup. Pris de peur à voir cette prouesse qui leur semblait plus d’un diable que d’un homme, les chevaliers se laissent glisser à bas de leurs destriers et s’efforcent de gagner le guichet. Mais avant qu’ils y soient parvenus, le blanc champion qui s’est jeté sur eux, l’épée nue, en force trois à crier merci. Les cinq derniers s’enfuient. Et la porte s’ouvre devant le vainqueur.