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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

sur les bras et les épaules. Mais eux, ils l’atteignent et le blessent aussi, car, dès que l’un a le dessous, quelque autre se jette à la rescousse, et certes il lui fut utile de porter un haubergeon bien maillé dessous son blanc haubert. Pourtant, grâce aux deux premiers écus à bandes vermeilles qui lui refont deux fois des forces nouvelles, il se bat tant et si rudement qu’enfin ses adversaires ne sont plus que trois. Ce que voyant, l’un s’écrie que, puisque maints autres, et plus preux que lui, ont perdu la vie, il ne se fera pas tuer comme eux : il tend son épée et s’avoue prisonnier ; de même les deux derniers. Et la porte du château s’ouvre à grand fracas.

Il était alors près de none. À grande joie, le chevalier aux blanches armes gravit le tertre. Mais, quand il eut passé le seuil, il découvrit une seconde muraille et une seconde porte devant laquelle dix nouveaux chevaliers se tenaient rangés.

À ce moment, il sentit que Saraide, aidée de ses écuyers, lui délaçait son heaume tout bosselé et fendu, et qu’elle lui en ajustait un autre ; puis qu’elle lui passait au cou la courroie de l’écu à trois bandes.

— Ha, demoiselle, vous me ferez honnir ! lui dit-il. Le second écu était déjà de trop. Voulez-vous que je vainque sans que ma prouesse y soit pour rien ?

Cependant on le hissait sur un destrier frais ;