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LA DOULOUREUSE GARDE


XI


Au matin, quand Dieu fit lever le soleil, il se fit armer, et, monté sur un destrier fort et courant, il gravit la butte et parvint devant la porte de la forteresse. Le cor sonna ; un chevalier parut sur la muraille.

— Que demandez-vous ?

— L’ouverture du château.

— Ha, sire, je voudrais que vous fussiez assez preux pour mener cette aventure à bien, car cette douleur n’a que trop duré ! Mais il nous convient de garder notre loyauté et tenir notre serment.

Là-dessus, le pont-levis s’abaissa, et dix chevaliers sortirent un à un par le guichet, chacun suivi de son destrier qu’un écuyer tirait par la bride ; puis, montés à cheval, ils se vinrent en bel arroi, lance sur feutre, ranger au bas du tertre.

Quelle rude bataille pour le blanc chevalier ! Mais, comme dit le proverbe, celui que Dieu veut aider, nul ne lui peut nuire. Les uns, il les heurte si rudement de sa lance qu’ils n’ont besoin de médecin ; les autres, il fausse leurs heaumes, fend leurs écus, rompt leurs hauberts