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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

bataille ! répondit cette fois Keu courroucé.

Et, ce disant, il haussa son épée et asséna, à son adversaire un coup que la colère poussa de telle sorte, que l’autre s’écroula, faisant du jour la nuit.

Alors le roi de Northumberland, qui voyait que ses hommes n’avaient plus de défense, s’empressa de demander la paix, et la dame vint séparer les combattants. Puis Keu le sénéchal repartit pour la cour, où il conta tout ce qui s’était passé à Nohant, et lorsque la reine sut que le damoisel à la blanche robe avait voulu combattre sans épée, elle en choisit une, très bonne, claire et gravée de lettres, à pommeau d’or, qu’elle lui envoya par un valet. Et sachez qu’il la reçut avec tant de joie qu’il en pensa perdre le sens : il la baisa plus de cent fois, aussi pieusement qu’une relique, et la ceignit à grande dévotion. Et, quand il l’eut, vainement la dame de Nohant fit tout pour le retenir, jusqu’à s’offrir elle-même, avec sa terre : il partit sur-le-champ.


IX


Or, dit le conte, il était midi lorsqu’il parvint à une rivière qui marquait la limite de la