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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

par sa robe : de manière qu’il se retourna et, feignant de reconnaître seulement la dame de Nohant, lui souhaita la bienvenue, puis la prit par la main et la fit asseoir à côté de lui, ainsi que le sénéchal. Son hôte, qui était serf, voulait se retirer, mais il l’en empêcha, disant que nul ne lui avait fait aussi bel accueil depuis son arrivée à Nohant et que, s’il était encore dans le pays de Logres, il eût demandé au roi Artus de l’affranchir.

— Sire chevalier, dit la dame de Nohant, je l’affranchis pour l’amour de vous. Et je vous prie, en nom Dieu, de ne pas me tenir rancune et de me pardonner la mauvaise chère que je vous ai faite.

— Dame, je suis venu pour l’amour de monseigneur le roi et non pour aucune autre raison. Je ferai ce que je pourrai en son honneur, et je n’ai point de rancune, n’ayant rien à demander à personne, car nul ne me doit rien.

— Sire, dit le sénéchal, madame voudrait que vous vinssiez vous héberger en son hôtel, et elle vous en prie et requiert.

— Sire, merci à vous et à elle, mais je suis bien ici, répondit le blanc damoisel.

Ainsi causaient-ils tous les trois, en écoutant les ménestrels et regardant les danseuses ; puis la dame le recommanda à Dieu et revint avec le sénéchal à son palais, où le blanc, damoisel consentit à s’héberger le lendemain, car il avait