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LA DAME DE NOHANT

doucement tous les trois vers le château, non sans regarder curieusement par la ville.

Lorsqu’ils entrèrent dans la salle, la dame de Nohant causait dans l’embrasure d’une fenêtre avec son sénéchal, et elle se demandait comment elle pourrait défendre sa terre, car beaucoup de ses chevaliers avaient été durement blessés dans les dernières rencontres. Le blanc damoisel vint à elle et, après l’avoir saluée, il lui dit que le roi Artus l’envoyait pour soutenir son droit.

— Beau sire, Dieu donne bonne aventure au roi Artus, et soyez le bienvenu ! Mais dites-moi votre nom si cela vous agrée.

— Dame, je suis un nouveau chevalier, qui n’a point encore combattu.

À ces mots, la dame baissa tristement la tête. Néanmoins, elle pria le blanc damoisel d’aller se reposer auprès de ses chevaliers, mais elle se retira dans ses chambres, toute dolente et déconfortée.

Or, lorsqu’il fut l’heure de souper et que l’eau fut cornée et les tables mises, les chevaliers de la dame de Nohant vinrent s’asseoir, chacun à sa place ordinaire, et se mirent à manger sans mot dire au blanc damoisel ni s’occuper de lui le moins du monde. Il était resté dans l’embrasure d’une fenêtre, s’entretenant avec ses écuyers et disant que jamais il n’avait rencontré de gens si peu courtois.

— Allez à notre logis, commanda-t-il aux