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LE VAL DES FAUX AMANTS

tourne en lâchant son écu, lequel tombe dans l’eau avec la lance qui s’y était engagée ; puis il court sus aux deux champions et les tue.

Devant lui, il aperçut alors un escalier défendu par un mur de feu qu’il traversa, puis par trois chevaliers armés de haches, dont il abattit deux ; ce que voyant, le troisième s’enfuit, poursuivi de chambre en chambre, et finit par se cacher sous un lit où dormait une belle dame. Lancelot donne du pied au lit si lourdement qu’il le renverse et la dame dessous, puis il se jette sur le couard et lui coupe le cou ; après quoi il revient à la dame et lui dit en lui offrant la tête :

— Demoiselle, voici l’amende de l’outrage que ce chevalier me força de vous faire.

C’était Morgane. Elle poussa un grand cri.

— Maudite soit l’heure où vous naquîtes pour faire de telles diableries !

— Ha, demoiselle, qu’avez-vous dit ! Ce que j’ai fait, c’est pour abattre la mauvaise coutume de céans.

— Et qui êtes-vous donc ?

— J’ai nom Lancelot du Lac.

— Honni soyez-vous d’être venu en ce pays ! Et honnie soit la dame qui de vous est aimée si fidèlement !

Comme elle disait ces mots, un de ses sergents vint lui annoncer que toutes les issues