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LES ESCRIMEURS DE PINTADOL

s’ouvre, et un chevalier richement vêtu entre dans le verger, accompagné d’une dame très belle et de tous ses gens.

— Beau sire, dit le chevalier, l’an passé je fus pris dans une guerre que je menais contre un mien voisin, et il advint que le vilain que vous avez occis me délivra par ruse. Mais il m’avait fait jurer sur les reliques que je lui donnerais ce qu’il demanderait. Il me requit de lui céder le tiers de ma terre et un enfant par maison. Et il choisissait des pucelles pour en faire son plaisir et des valets pour le servir, lui et ses fils. En revanche, ils devaient combattre tous les quatre chaque chevalier qui se présenterait. En les outrant, vous avez rompu la coutume.

Alors le sire de Pintadol demanda à Galessin comment il avait nom, et quand il sut qu’il était de la Table ronde, il lui fit grande joie ; puis il lui apprit que le ravisseur de monseigneur Gauvain ne pouvait être que Karadoc de la Tour Douloureuse. Et certes, le duc de Clarence fut bien hébergé cette nuit-là.

Mais le lendemain, aussitôt qu’il eut entendu l’alouette chanter et le cor du guetteur sonner le lever du jour, il demanda son cheval et ses armes, et, la messe ouïe, il partit accompagné d’un écuyer que son hôte lui donna pour le guider.