Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

— Sire, lui dit-elle, la dame de Briestoc, à qui je suis, se rendait à la cour du roi Artus, son cousin, lorsque nous vîmes des gens qui emmenaient monseigneur Gauvain tout sanglant, en chemise et en braies, attaché sur un roussin, et qu’on battait cruellement. Madame les fit attaquer par ses chevaliers ; mais ceux-ci ont été défaits, car nul ne pouvait souffrir les coups d’un grand homme à l’écu d’or chargé d’un lion de sinople, et nous nous sommes sauvées dans les bois. J’étais partie à la découverte, lorsque j’ai rencontré ce truand qui a tenté de me faire violence et m’a coupé mes tresses pour me punir de lui résister.

Alors elle conduisit Lancelot au fourré où la dame de Briestoc et ses pucelles étaient cachées et il ne faut demander si le chevalier fut bien accueilli. Cependant le jour commençait de baisser et ils ne savaient où passer la nuit, lorsqu’ils entendirent sonner un cor sur leur droite, à quelque distance. Ils suivirent un sentier nouvellement frayé et parvinrent à un fort château dont les murs, couleur de craie, blanchoyaient dans le crépuscule ; on le nommait le Blanc Castel. Là, ils eurent bon gîte et on apprit à Lancelot que le chevalier à l’écu d’or au lion de sinople ne pouvait être que Karadoc le grand, seigneur de la Tour Douloureuse.

— C’est le plus fort chevalier qu’on ait jamais connu, dit à Lancelot la dame du Blanc