Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LE JOUR DE LA SAINT-JEAN

qu’à l’aube ; après quoi, il le ramena en son logis pour dormir un peu. Au matin, ceux qui devaient être adoubés le jour de la Saint-Jean reçurent du roi la colée ; puis tout le monde fut entendre la messe et, en revenant, le roi commença de ceindre l’épée aux nouveaux chevaliers.

Mais comme il ne lui restait plus à armer que le blanc damoisel, une pucelle entra dans la salle, la plus belle qui ait jamais été. Ses tresses semblaient de fin or, ses yeux bleus brillaient comme des gemmes et elle était si bien proportionnée qu’on ne voyait rien en elle à reprendre ; que vous dirais-je de plus ? Elle avançait en soulevant légèrement sa robe par devant ; arrivée devant le roi, elle la laissa aller sur l’herbe fraîche et nouvelle dont le palais était jonché ; puis elle salua. Les chevaliers et les dames qui étaient dans la salle s’étaient approchés pour mieux voir une telle beauté, et l’on aurait pu leur couper l’aumônière sans qu’ils s’en aperçussent, tant ils béaient à la considérer ; bref, tous la louaient, petits et grands. Mais elle dit sans s’ébahir, en riant un peu de ce qu’ils la regardaient ainsi :

— Roi Artus, Dieu te sauve ! Je te salue, toi, ta compagnie et tous ceux que tu aimes, de par la dame de Nohant et de par moi-même.

— Belle douce amie, répondit le roi qui