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LA DEMOISELLE AUX TRESSES COUPÉES


XXXVII


Sur l’heure de tierce, Lancelot se trouva dans une belle petite lande où courait un ruisseau ; mais elle était toute semée de tronçons de lances, de pièces d’écus, de mailles de haubert et de chevaux tués. Et comme il s’était arrêté à regarder ce spectacle, il entendit des cris et il vit sortir du bois une demoiselle qui fuyait, tenant dans ses mains ses longues tresses coupées, pourchassée par un chevalier à pied. Apercevant Lancelot, elle courut se jeter à ses pieds.

— Ha ! gentil homme, protège-moi ! Ce traître veut me honnir et il m’a tranché mes belles tresses !

Lancelot laissa le chevalier lacer son heaume et monter à cheval ; puis il le heurta si rudement de sa lance qu’il l’abattit ; après quoi il sauta à terre, lui arracha son heaume et dit à la demoiselle en lui tendant son épée :

— Tenez ! Et coupez-lui la tête si vous voulez.

Mais elle répondit que son cœur ne le pourrait souffrir et pria Lancelot de le faire lui-même. À quoi il ne manqua point. Puis il interrogea la pucelle :